Les Nourritures terrestres est une œuvre littéraire d'André Gide, publiée en 1897, évoquant le désir et l'éveil des sens,.

Thèmes

Gide y développe le thème du rapport à la matière et aux éléments naturels, dans une ode à la fois lyrique et sensuelle. À travers l'œuvre transparaît un enthousiasme quasi-extatique pour la vie, faisant du texte une sorte d'évangile de l'éveil des sens ; en effet, il semble que la sensualité y fasse presque office de profession de foi, voire de nouvelle religion, tant on y sent de ferveur et d'émotion, notamment pour la terre, les récoltes, les fruits, tout ce qui est charnel et charnu, tout ce qui peut être foulé, palpé, humé… Le texte tout entier peut être considéré comme une véritable hymne à la libido sentiendi.

En filigrane, c'est aussi de sexualité qu'il s'agit, même si ce thème n'est pas vraiment évoqué de manière directe dans le livre. En ce sens, on peut interpréter l'œuvre comme une hyperbole sur le désir et sur l'érotisme, l'évocation des moissons et des « nourritures » ayant valeur de symbole du corps désiré. C'est, avant tout, un livre sur le désir, sur la soif, les objets évoqués servant de prétexte à l'expression de ce désir, souvent inextinguible, irrépressible, débordant, qui parvient à magnifier, à transcender le monde tout entier. Par certains aspects Les Nourritures rappellent parfois des textes bibliques, notamment le Cantique des Cantiques. On notera d'ailleurs l'importance de la culture chrétienne (au moins dans sa dimension strictement littéraire) dans l'œuvre de Gide (comme l'atteste le titre Si le grain ne meurt, par exemple).

Un roman ou un poème ?

Il ne s'agit pas à proprement parler d'un roman, mais plutôt d'un long poème en prose, où s'exprime une sensualité teintée de ferveur, de contact avec la nature.

La question du genre des Nourritures terrestres trouve sa réponse dans une esthétique de la diversité. Gide propose des structures hybrides, faites de formes poétiques désuètes (ballades, rondes), de fragments de journal intime, de cahiers de bord, de notes vagabondes. Malgré les éditions actuelles, il faut savoir que le manuscrit original prenait de grandes libertés sur le plan de la typographie, allant même jusqu'à ressembler aux futurs vers modernistes et autres calligrammes en vogue au début du XXe siècle. D'autre part, les éditeurs ont eu tendance à ramasser le texte et certains épisodes en vers sont aujourd'hui présentés en bloc comme de la prose.

L'aspect romanesque du livre se trouve dans la thématique du voyage, dans l'existence de personnages emblématiques et surtout dans la reconstruction d'une vie hédoniste qui transgresse la morale traditionnelle.

Réception et postérité

Les Nourritures sont en quelque sorte le pendant joyeux et solaire du De Profundis d'Oscar Wilde, œuvre sombre où l'écrivain irlandais développait aussi, mais « en négatif », par l'absence et le manque, une forme de sensualité absolue qui cherche à s'affranchir du moralisme étriqué de l'époque victorienne, du conformisme et des conventions sociales.

  • Jean Guéhenno, très critique de l'égocentrisme gidien, s'en lamente :

— Jean Guéhenno, Journal des années noires, 5 janvier 1944, Gallimard, 1947.

  • Sartre :

— Jean-Paul Sartre, Qu'est-ce que la littérature ?, Paris, Gallimard, 1948.

  • Hervé Bazin :

— Hervé Bazin, Ce que je crois, Livre de Poche, Paris, 1977.

Le livre est dédié « À mon ami, Maurice Quillot ».

Autre

Trois livres sont posés sur le bureau présidentiel et apparaissent sur le portrait officiel d'Emmanuel Macron, président de la république française, dont les nourritures terrestres de Gide.

Éditions

  • En , dans la revue littéraire L'Ermitage, dirigée par Henri Mazel, paraissent des extraits des Nourritures sous le titre Récit de Ménalque.
  • 1897, Le Mercure de France, in-12, 210 pages, tirage restreint.
  • 1917, Gallimard, Collection Blanche.
  • 1921, Gallimard, nouvelle édition courante revue et corrigée.
  • 1927, éditions Claude Aveline, in-8, avec gravures sur bois de Louis Jou, tirage 650 exemplaires.
  • 1928, NRF, édition dans la série In Octavo, n°6.
  • 1930, Gallimard, in-4, avec 57 gravures de Démétrios Galanis, tirage 322 exemplaires.

Par la suite, les nombreuses autres éditions seront souvent conjointes avec Les Nouvelles Nourritures, paru en 1935.

  • 1948, éditions du Grenier à sel, in-4, à l'occasion du cinquantenaire du titre, avec des lithographies originales d'André Marchand.
  • 1950, éditions Le Rayon D'or, avec 12 aquarelles de Raoul Dufy, tirage 4000 exemplaires.
  • 1958, collection Bibliothèque de la Pléiade, n°135. Romans–Récits et soties–Œuvres lyriques. Nouvelle édition remaniée 2009.
  • 1960, Gallimard, collection Soleil.
  • 1964, Le Livre de poche, n°1258.
  • 1972, Folio, n°117.

Notes et références

Bibliographie

  • Yvonne Davet, Autour des Nourritures terrestres, Gallimard, 1948.

Liens externes

- Les Nourritures Terrestres, livre audio gratuit

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Gide. Les nourritures terrestres La Source et la Soif

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Les nourritures terrestres

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