L'établissement d'une liste de canonicité de livres fondateurs est toujours le fait d'une autorité. Il en va ainsi tant pour le canon de la Septante, peut-être imité d'une chronologie alexandrine, que pour le canon de la Bible hébraïque et le canon des écritures défini au Concile de Trente.

Pseudépigraphes et apocryphes

Catholiques et protestants n'ont pas le même canon des livres de l'Ancien Testament. Les catholiques reconnaissent des livres deutérocanoniques (amenant ainsi le nombre des livres de la Bible catholique à 72 ou 73 selon qu'on considère ou non le Livre des Lamentations comme faisant partie du Livre de Jérémie, comme cela est d'usage répandu), c'est-à-dire admis secondairement dans le canon (du grec deutéros second), que les protestants désignent au contraire comme apocryphes, c'est-à-dire n'appartenant pas au canon ou reconnus comme des faux, non-inspirés de Dieu. Des divergences existent aussi entre les églises orientales.

Les catholiques reconnaissent la plupart des livres contenus dans la Septante, fixée dès , qui contenait des livres écrits en grec, ou dont seule la version grecque nous est parvenue. À partir de la Réforme, Luther, et, par suite, les protestants, n'ont retenu que les livres contenus dans le Tanakh, se fondant sur le principe, donné par Jérôme, le traducteur de la Vulgate, de la veritas hebraica.

Cette différence de corpus de texte fondateur tient à la publication en 1504 par Elias Levita, d'une révision de la grammaire hébraïque de Moshe Kimchi. Cette révision serait passée inaperçue si Eliahu n'avait précisé que seul le texte consonantique du Tanakh est de la rédaction d'Esdras tandis que la vocalisation du texte est l'œuvre des Massorètes, achevée vers le VIe siècle.

Les protestants devinrent adeptes de la version hébraïque au nom de sa plus grande antiquité tandis que les catholiques déniaient cette antiquité du fait des voyelles plus tardives. Ils argumentaient contre les protestants que la Septante était en usage chez les premiers chrétiens avant la fixation définitive du canon hébraïque et que la Bible ne saurait se comprendre sans la tradition fixée par le magistère à l'imitation de la tradition massorète.

Études sur la canonisation de l'Ancien Testament

Cette affaire de voyelles tardives lança l'examen du dogme talmudique qui postulait que le Pentateuque était écrit par Moïse. Cet examen fut lancé par Gilbert Génébrard (1535–1597) qui postula une canonisation de la Bible hébraïque en 3 étapes :

  • après la rédaction d'Esdras,
  • le grand prêtre de Jérusalem avait convoqué les 72 traducteurs de la Septante pour les envoyer en Égypte canoniser Tobit, Qohelet et les autres Ketoubim,
  • Enfin, un dernier synode, sous Shammaï et Hillel aurait canonisé les livres Macchabées.

La problématique essentielle, à cette époque, tentait de connaître le cheminement des apocryphes jusqu'à la version latine du canon, en dépit de l'estime de Jérôme pour le canon hébreu. John Cosin (en) (1595-1672) soutenait que la Diaspora Juive les avait elle-même introduits, dans un premier temps, dans la version grecque de Théodotion, et que de là ils passèrent dans la version latine. Le facteur grec fut souligné par John Ernest Grabe (1666-1711) qui, à l'hypothèse de Génébrard d'un sanhédrin de Jérusalem pour mandater les Septantes, substitua celle d'un sanhédrin alexandrin, après avoir observé que la plupart des apocryphes venaient d'Alexandrie. Le traducteur en anglais de la Lettre d'Aristée, Thomas Lewis, affirmait que de nombreux écrits de l'Ancien Testament étaient en usage au Temple juif de Léontopolis et, par ce biais, avaient trouvé leur chemin vers la Palestine.

Enjeux et diversité des canons antiques

  • canon dit d'Ezra
  • Pentateuque Samaritain (canonisation entre -480 et -350)
  • liste de Ben Sirach
  • liste du 4QMMT
  • liste de Philon d'Alexandrie,
  • liste de Flavius Josèphe

à suivre

Listes de canonicité

Liste des livres

Un décompte unique des livres de l’Ancien Testament n’est pas possible car il varie suivant le canon de chaque confession.

Ancien Testament

On peut néanmoins préciser que les livres de la Bible hébraïque sont tous inclus dans toutes les bibles. Toutefois, leur ordre peut varier. En outre, leur nom est souvent dérivé de leur titre grec pour les bibles chrétiennes (Genèse, Exode, Lévitique...), tandis dans les bibles juives, ce sont les premiers mots du livre qui le désignent, initialement en hébreu (Beréshith, Shemoth, Wayyiqra...).

À cet ensemble commun s'ajoutent dans la version grecque des Septante des livres supplémentaires. Ils sont inclus en partie ou en totalité dans les bibles catholiques et orthodoxes, mais pas dans les canons juif et protestant. Ils sont appelés deutérocanoniques ou apocryphes.

Les livres suivants comprennent tous les autres livres de la Bible hébraïque et les Livres deutérocanoniques, dans des ordres différents suivant les confessions et ici par ordre alphabétique :

1Les livres hébreux des Rois et de Samuel sont édités en grecs sous la dénomination I, II, III et IV Règnes.

2Esdras, ou Ezra, est parfois nommé Esdras B (II Esdras2Esdras, ou Ezra, est parfois nommé Esdras B (II Esdras), en relation avec l’Esdras grec, contenu dans la Septante, qui y est nommé Esdras A (I Esdras en français). L’Esdras grec ne fait pas partie des canons hébreu, catholique et protestant. Dans la Septante, Esdras B regroupe Esdras et Néhémie en un seul livre.

3 Comprend un psaume supplémentaire, le psaume 151.

4 Le livre de Suzanne est fusionné avec Daniel et correspond à son chapitre 13

5 Dans le canon éthiopien, le livre des Proverbes est parfois divisé en deux livres: Messale qui correspond aux chapitres 1 à 24 et Tägsas comprenant les chapitres 25 à 31.

6 Dans le canon éthiopien, les Deuxième et Troisième livres des Maccabées sont fusionnés. Les textes de ces trois livres sont très éloignés de ceux de la Septante

7 Le découpage en psaumes est différent entre la Septante, la Vulgate, les canons catholique, orthodoxe et éthiopien d’une part, les canons hébreu et protestant de l’autre

8 Est présent en appendice.

9 Bel et le dragon est fusionné avec Daniel et correspond à son chapitre 14

10 Ezra et Néhémie sont regroupés sous l’unique II Esdras, ou Esdras B

11 Certaines versions syriaques contiennent cinq psaumes supplémentaires numérotés de 151 à 155. Le psaume 151 correspond à celui ajouté à d’autres versions de la Bible.

Canons comparés

Le tableau ci-dessous compare le canon hébraïque avec les canons de la Septante ainsi que de la Vulgate et les canons catholiques, orthodoxes et protestants. Il liste les livres de l'ancien testament dans l'ordre où ils apparaissent ainsi qu'avec leurs noms respectifs. Note : le canon éthiopien, très spécifique, avec plusieurs livres supplémentaires, vient d'être d'ajouté, il se peut qu'il y ait des erreurs.

Les cellules de tableau vides indiquent qu'un livre est absent de ce canon.

Plusieurs livres du canon orthodoxe oriental se trouvent également dans l'annexe de la Vulgate latine, anciennement la Bible officielle de l'Église catholique romaine.

Le canon hébreu ou Tanakh est divisé en trois parties : la Torah ou la Loi qui regroupe les cinq premiers livres, les Nebiim qui regroupent les écrits des prophètes et les Ketubim qui rassemblent les autres écrits. Les canons chrétiens sont eux divisés en quatre parties. Le pentateuque (identique à la Torah), les livres historiques, les livres poétiques ou sapientiaux ainsi que les livres prophétiques. Le nombre de livres dans chaque catégorie varie en fonction des canons, mais quel qu'il soit, un livre commun à plusieurs canons est toujours classé dans la même catégorie. Ainsi, par exemple, le livre de Ruth est un livre historique, ou le livre de Jonas est un livre prophétique.

Schéma de développement de l'Ancien Testament

Nouveau Testament

Le Nouveau Testament (27 livres) est la seconde partie de la Bible chrétienne (selon les canons catholique, orthodoxe et protestant). Les livres canoniques dans l'Église catholique, tant dans sa branche occidentale (rite latin), que dans sa branche orientale (différents rites uniates), sont les suivants :

  • les quatre Évangiles qui racontent la vie de Jésus-Christ :
    • Évangile selon Matthieu
    • Évangile selon Marc
    • Évangile selon Luc
    • Évangile selon Jean
  • les Actes des Apôtres, dans lesquels Pierre et Paul sont les personnages centraux des premières années du christianisme
  • les Épîtres pauliennes, lettres attribuées à l’apôtre Paul adressées aux premières communautés proto-chrétiennes. Les épîtres reconnues par tous comme étant de Paul sont celles aux Romains, aux Corinthiens, aux Galates, et la première aux Thessaloniciens (peut-être le plus ancien écrit du Nouveau Testament) :
    • Épître aux Romains
    • Première épître aux Corinthiens
    • Deuxième épître aux Corinthiens
    • Épître aux Galates
    • Épître aux Éphésiens
    • Épître aux Philippiens
    • Épître aux Colossiens
    • Première épître aux Thessaloniciens
    • Deuxième épître aux Thessaloniciens
    • Première épître à Timothée
    • Deuxième épître à Timothée
    • Épître à Tite
    • Épître à Philémon
    • L'Épître aux Hébreux
  • les Épîtres dites catholiques (c’est-à-dire universelles, terme selon lequel il faut entendre que, contrairement aux épîtres de Paul, elles ne s'adressent pas à une communauté particulière mais à l'universalité de l'Église) et qui sont des lettres de différents apôtres :
    • Épître de Jacques
    • Première épître de Pierre
    • Deuxième épître de Pierre
    • Première épître de Jean
    • Deuxième épître de Jean
    • Troisième épître de Jean
    • Épître de Jude
  • l'Apocalypse (nommée parfois Révélation par des communautés millénaristes), livre prophétique sur la fin des temps et l’établissement du Royaume de Dieu

À ces 27 livres, le canon éthiopien en ajoute huit. Ce sont les quatre livres des Sinodos, les deux divisions du livre de l'Alliance, le Clément éthiopien et la Didascalie éthiopienne. La plupart de la littérature ici serait soit considérée comme faisant partie des écrits des Pères apostoliques, soit comme faisant partie des Anciens Ordres de l'Église.

  • Sinodos
    • Ser`atä Seyon (l'Ordre de Sion, 30 canons)
    • Te’ezaz (Commandements, 71 canons)
    • Abtils (81 canons)
    • Gitzew (56 canons)
  • Mäshafä Kidan (1 et 2 Alliance)
  • Qälëmentos (Clément éthiopien)
  • Didesqelya (Didascalie éthiopienne)

Livres disparus mentionnés dans la Bible

Il existe des écrits mentionnés dans la Bible comme faisant autorité, mais n'y figurant pas. Il s'agit des textes suivants :

  • le Livre de l'alliance (Ex 24:7),
  • les Guerres de l'Éternel (en) (No 21:14),
  • le Livre du Juste (en) (Jos 10:13 ; 2 S 1:18),
  • le Livre des actes de Salomon (en) (1 R 11:41),
  • le Livre des actes des rois de Juda (en) (1 R 14:29),
  • le Livre des actes des rois d'Israël (en) (1 R 14:19),
  • le Livre de Samuel le voyant (en) (1 Ch 29:29),
  • le Livre de Nathan le prophète (en) (1 Ch 29:29 ; 2 Ch 9:29),
  • le Livre de Gad le prophète (en) (1 Ch 29:29),
  • la Prophétie d'Achija de Silo (en) (2 Ch 9:29),
  • les Révélations de Iddo le prophète (en) (2 Ch 9:29),
  • le Livre de Schemaeja le prophète (en) (2 Ch 12:15),
  • le Livre d'Iddo le prophète (2 Ch 12:15 ; 13:22),
  • les Mémoires de Jéhu (en) (2 Ch: 20:34),
  • le Livre de Hozaï (en) (2 Ch 33:19),
  • le Livre d'Hénoch (Jud v. 14),
  • une épître aux Corinthiens (1 Co 5:9),
  • une épître aux Éphésiens (Ép 3:3,4),
  • et une Épître aux Laodicéens (Col 4:16), laquelle est retenue comme canonique dans certaines Églises syriaques.

Notes et références

Notes

Références

  • TOB : La Bible : Traduction œcuménique

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Collectif (trad. de l'hébreu), La Bible de Jérusalem, Rome, Les Éditions du Cerf, , 3e éd., 2057 p. (ISBN 978-2-204-08381-2), p. 9-10
  • Collectif (trad. de l'hébreu), La Bible : Traduction œcuménique, Paris, Bibli'O - Société biblique française et Les Éditions du Cerf, , 2079 p. (ISBN 978-2-85300-138-0 et 978-2-204-09412-2), p. 6-7
  • Collectif (trad. de l'hébreu), La Bible : Traduction œcuménique, Paris, Bibli'O - Société biblique française et Les Éditions du Cerf, , 2079 p. (ISBN 978-2-85300-138-0 et 978-2-204-09412-2), p. 6-7
  • Collectif (trad. de l'hébreu), Ancien Testament interlinéaire : hébreu – français, Villiers-le-Bel, Alliance biblique universelle, (ISBN 978-2-85300-710-8)
  • Thomas Römer, Jean-Daniel Macchi et Christophe Nihan (dir.), Introduction à l'Ancien Testament, Genève, Labor et Fides, , 902 p. (ISBN 978-2-8309-1368-2, lire en ligne), p. 19-41


Voir aussi

Articles connexes

  • Apocryphes bibliques
  • Portail:Chrétiens d'Orient
  • Tanakh

Lien externe

  • (fr) Ancien Testament et judaïsme Étude du contexte historique et de l'évolution de la spiritualité hébraïque de l'Ancien Testament.
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